ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les poèmes d’amour
de  Dante  Alighieri




Les soixante belles de Florence :

la gentille dame Lumière




Rime LXIX

  Di donne io vidi una gentile schiera
questo Ognissanti prossimo passato
e una ne venia quasi imprimiera,
veggendosi l’Amor dal destro lato.

  De gli occhi suoi gittava una lumera,
la qual parea un spirit infiammato ;
e i’ ebbi tanto ardir, ch’ in la sua cera
guarda’, [e vidi] un angiol figurato.

  A chi era degno donava salute
co gli atti suoi quella benigna e piana,
e ’impiva ’l core a ciascun di vertute.

  Credo che de lo ciel fosse soprana,
e venne in terra per nostra salute :
là ’nd’è beata chi l’è prossimana.

  Le jour de fête, la Toussaint dernière,
Je vis des femmes gentilles le défilé :
Une d’elles venait presque première
Amour étant à côté dévoilé.

  Des yeux elle lançait une lumière
Qui paraissait un esprit enflammé :
Osant mirer son beau visage altère
Je vis alors un ange figuré.

  Aux dignes elle donnait son salut
Gracieuse en ses gestes et sereine
Comblant le cœur à chacun de vertu.

  Je crois qu’étant dans le ciel souveraine
Elle vint sur terre pour notre salut :
Heureuse celle qui lui est prochaine.


Sommaire
Avertissement au lecteur
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Premiers vers

Introduction

Aux fidèles d’Amour

Les soixante belles de Florence
- Pour une jeune-fille
   morte
- Femme, amour et
   poésie
- Lisette
- Fleurette
- Violette
- La Garisenda
- Nella
- La gentille dame
   lumière

- Pour la mort d'une
   jeune-fille

Béatrice, dame du secret d’Amour

La dame gentille

Béatrice refuse de saluer Dante

De l’amour à la louange

Lamentations sur la maladie de Béatrice

Mort et glorification

La dame gentille

La Pargoletta

Le refus de la dame gentille

La dame-pierre



. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

   Où, sinon dans les églises, Dante et les nouveaux troubadours pouvaient-ils voir les belles femmes de la ville ? Aujourd’hui encore, dans les villages, les hommes vont à la messe du dimanche moins pour rencontrer Dieu que pour voir les femmes, et elles le savent… C’est sans doute dans les églises que Dante a pu juger des soixante plus belles femmes de la ville et composer une sirvente sur leurs noms (V.N.VI) : en les regardant défiler, il en voit une qui lui apparaît au-dessus des autres.
   À première vue, cette femme paraît être Béatrice. En effet, le poète donne d’elle des traits qu’il a attribués à la bien-aimée : femme qui vient du ciel, qui porte le salut… Mais s’il en est ainsi, pourquoi n’a-t-il pas inséré ce sonnet dans la Vie nouvelle ? On peut penser avec raison qu’il a été composé pour une autre femme et que, malgré les éloges, elle n’est pas tout à fait digne de Béatrice. En effet, elle n’est pas « la première » des dames de la fête, mais « presque première », or Béatrice n’était pas à ses yeux une des femmes gentilles, mais la « très gentille », la première entre les femmes. Ainsi il ne l’appelle pas « ma dame », elle n’est pas Amour, mais elle a Amour à sa droite. Elle ne peut donc être que la dame gentille qui le frappa de son regard dans l’église où on parlait de la reine de gloire (V.N.V). Dans ce sonnet, cette dame est chantée pour l’éclat de son regard : alors que Dante baisse les yeux devant Béatrice, ici il ose regarder.

   Il nous semble donc que, dans ce sonnet, Dante décrit sa première rencontre avec la dame gentille qu’il raconte, dans la Vie nouvelle, en fonction du secret d’amour pour Béatrice. Il l’aime parce qu’il s’aperçoit qu’Amour est avec elle, c’est-à-dire qu’elle est digne de le regarder par amour. D’ailleurs, dans le sonnet, Amour dit à Dante : « Je viens d’un lieu lointain, où était ton cœur par ma volonté ».
   C’est sans doute le premier sonnet dans lequel Dante rend notoire son lien avec elle, sans cependant l’appeler « ma dame ».



c 1977




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